Faire grandir les enfants : quel rôle pour la culture ?
L’offre culturelle à destination des enfants évolue rapidement, à l’image de nos sociétés. Réfléchissons ensemble à de nouvelles façons d’accompagner le développement des enfants de 2 à 10 ans, pour leur permettre de s’épanouir et de relever les défis qui les attendent.

Entre 2 et 10 ans, les enfants découvrent le monde en l’expérimentant, en bougeant, en s’interrogeant... Ils s’interrogent d’abord au temps présent, puis développent leur notion du temps. C’est en prenant des risques, risques de chutes d’abord mais aussi risques sensoriels et émotionnels, qu’ils appréhendent de mieux en mieux notre monde. L’univers des adultes et ses règles, les phénomènes naturels, tout les fascine. Face à une nature plus ou moins présente, ils construisent alors leur rapport au vivant. Ils sont toujours en mouvement, de manière contrainte ou libre selon les lieux qu’ils visitent, et leur corps se coordonne peu à peu aux espaces et aux êtres qui les entourent. Leurs paroles et leurs besoins sont scrutés ces dernières décennies, et ce jusque dans nos lieux culturels.
C’est sous ces différents aspects que nous serons invités à reconsidérer l’enfant au cours de cette première journée de colloque, afin de penser sa place dans nos futurs espaces de musées et centres de sciences.
Animation : Benjamin Muller, journaliste et auteur, Brune Bottero, journaliste et autrice de podcast et Raphaël Chanay, chef de département projets muséologiques à Universcience.

- 10H / Conférence d'ouverture
LE RISQUE
Le risque est systématiquement associé au danger, mais s’il est librement choisi, il peut être perçu comme un motif d’épanouissement. David Le Breton le présente comme un outil pour bouleverser la fixité des choses, les positions établies et ouvrir de nouvelles pistes.
Par David Le Breton, professeur de sociologie à l'université de Strasbourg, membre de l'Institut Universitaire de France.

- 11H / TABLE RONDE
LES ENFANTS ET LA NATURE, UN AMOUR NÉCESSAIRE ?
Les échanges autour de la préservation de la biodiversité aboutissent toujours à la même préconisation : mettre les enfants au contact de la nature pour leur donner envie de la préserver. Suffit-il de prendre l’air pour avoir envie de prendre soin de l’environnement ? Des professionnels de divers horizons s’interrogent sur les actions qui font sortir les enfants dans le but de renforcer leur rapport au vivant.
Avec :
Benoît Sicat, artiste interdisciplinaire
Benoît Sicat réalise principalement des projets autour du jardin et du paysage et explore les interactions possibles entre très jeunes enfants et adultes. Ces spectacles-paysage où le public est immergé font la part belle à l’improvisation collective. Fin 2021, il a planté une micro-forêt pour une école.
Lauren Hyams, cheffe du programme « Urban nature » au Natural History Museum de Londres
Lauren est la cheffe du programme "nature en milieu urbain" (UNP), qui vise à transformer l'espace extérieur du Muséum d'histoire naturelle en un exemple de recherche, de conservation et de sensibilisation à la faune et à la flore urbaines. À la tête d'une coalition de musées et d'organisations de protection de la nature, l'UNP porte un mouvement en faveur de la nature urbaine grâce à un programme d'enseignement et d'apprentissage à l'échelle du Royaume-Uni destiné aux jeunes, aux familles et aux écoles.
Julien Vitores, doctorant en sociologie à l’Université Fédérale Toulouse Midi-Pyrénées et ATER à l’Université Sorbonne Paris Nord ; Laboratoires de rattachement : LASSP (EA 4175) et CESSP (UMR 8209)
Julien Vitores travaille sur la socialisation des jeunes enfants (3-6 ans) à la nature. Ses travaux visent à comprendre les conditions sociales de production de certaines formes d’intérêt pour la nature, en prêtant une attention aux rapports sociaux (de classe et de genre notamment) dans lesquels sont inscrits les enfants.

- 14H / TABLE RONDE
BOUGER POUR RESSENTIR, AU MUSÉE COMME AILLEURS
Dans les salles des musées ou les salles de spectacle, on attend des enfants une immobilité quasi-totale. Ne pas faire de bruit. Ne pas prendre de place. Ne pas déranger les adultes présents. Mais pour grandir, les enfants bougent, grimpent, questionnent, sautillent, se balancent. Les deux sont-ils vraiment incompatibles ?
Avec :
Cora Cohen Azria, professeure des Universités - Sciences de l’éducation et de la formation, Didactique et muséologie des sciences au Laboratoire CIREL ULR 4354 - Équipe Théodile
Cora Cohen-Azria est professeure à l’Université de Lille au sein du laboratoire CIREL (Centre interuniversitaire de recherche en éducation de Lille). Elle développe des recherches sur les liens entre Ecole et Musée, sur les visites scolaires et familiales dans les musées et sur l’enseignement et les apprentissages des sciences. À travers ses recherches, elle interroge la formation du visiteur de musée et celle du citoyen critique. Spécialiste de ces questions, elle accompagne en tant qu’experte, différents musées et centres de culture scientifique et technique dans la conception d’expositions et de médiations en direction des jeunes publics et des publics familiaux. Elle a publié de nombreux articles et ouvrages sur ces questions.
Fanny Delmas, responsable du pôle éducation artistique et culturelle, département transmission et métiers au Centre national de la Danse
Fanny Delmas est responsable du pôle Éducation artistique et culturelle au CND. Tout au long de son parcours universitaire en arts du spectacle et en sciences de l’éducation, elle s’est interrogée sur la relation entre les œuvres et les spectateurs ainsi que sur les modes de transmission de l’art. Elle a été responsable de la médiation et de la formation au Centre chorégraphique national de Montpellier puis conseillère danse à Arcadi Ile-de-France et formatrice indépendante avant d’intégrer le CND en 2016. Elle a co-écrit deux articles avec Sylvain Fabre : « Créer les conditions d’une expérience de la danse, conversation croisée sur le dispositif d’éducation artistique et culturelle « Constellation » » paru dans la revue Recherches en danse en 2022 et « Analyse d’un projet d’éducation artistique et culturelle : jeux didactiques et institutionnalisation », actes du congrès TACD, en 2019
Gaëlle Moreno, responsable communication professionnelle et formations à l’École des loisirs

- 16H / TABLE RONDE
INSCRIRE L'ENFANT AU COEUR DE NOS ACTIONS
Quand on implique des utilisateurs dans des démarches participatives, on leur fait vivre des expériences au plus près de leurs aspirations. Mais est-ce réellement possible avec des enfants ? Quelle place leur accorder ? Trois expériences en la matière illustrent des approches possibles et défis pour l’enfant, entre testeur, commissaire d’exposition, co-concepteur, acteur, chercheur.
Avec :
Vanina Arrighi de Casanova, responsable de la Mission des Droits de l’Enfant de la Ville de Paris.
Journaliste de formation, Vanina Arrighi de Casanova rejoint en 2019 le cabinet de Dominique Versini, à l’époque maire adjointe de Paris en charge des solidarités, de l’accueil des réfugiés et de la protection de l’enfance. Quand en 2020, la maire de Paris lui confie la responsabilité de porter une action politique forte en faveur des droits de Dominique Versini confie à Vanina Arrighi de Casanova la création de la Mission Droits de l’Enfant au sein de la Direction des Solidarités de la Ville de Paris, Mission qui vise notamment à sensibiliser tous les enfants parisiens à leurs droits fondamentaux.
Dannyelle Valente, collaboratrice scientifique au laboratoire du développement sensori-moteur, affectif et social (SMAS) à l’Université de Genève et maitresse de conférences à l’unité de recherche développement, individu, processus, handicap et éducation (DIPHE), Université Lumière Lyon 2.
Dannyelle Valente est collaboratrice scientifique à l’Université de Genève et maitresse de conférences en psychologie à l’Université Lumière Lyon 2 après avoir été responsable R&D à la maison d’édition Les Doigts Qui Rêve. Ses recherches portent sur le design participatif d’outils multisensoriels et le développement des émotions chez les enfants en situation de handicap visuel. Elle a développé plusieurs projets de design participatif et d’évaluation d’outils multisensoriels mis en œuvre en partenariat avec les maisons d’éditions, les musées et les écoles, tels le projet « Petits explorateurs tactiles au Muséum » et le projet « Emoti-sens ».
Sophie Sage, commissaire de la Play Gallery et muséographe au Young V&A
Sophie Sage est la commissaire de la Play Gallery et muséographe au Young V&A. Elle s'occupe de l'interprétation familiale dans les galeries du musée. Sophie a précédemment travaillé sur le programme d'expositions temporaires et travaille avec des publics familiaux depuis 10 ans..
Chinami Sakai, cheffe de projet médiation et éducation au Young V&A
Chinami Sakai est cheffe de projet médiation et éducation au Young V&A, où elle gère le programme du musée destiné aux familles. Chinami a également contribué au développement de la Play Gallery du Young V&A, en apportant la perspective de l'apprentissage et en réalisant des projets de co-création pour la galerie.

18H - 21H
SOIRÉE CONVIVIALE À LA CITÉ DES ENFANTS
Un temps pour se parler entre grands enfants
La Cité des enfants, dispositif pionnier en matière de muséographie dédiée aux plus jeunes, a fêté ses 30 ans l’année dernière à la Cité des sciences et de l’industrie. Plus de quinze millions de jeunes visiteuses et visiteurs, avec leurs accompagnants, ont arpenté ces espaces de découverte qui proposent des activités d’expérimentation et d’observation active. Ici, la collaboration est reine et le droit à l’erreur encouragé, pour permettre à chaque enfant de déployer ses talents.
Pour cette deuxième journée de colloque, nous sommes invités à questionner les visions du monde que nous transmettons aux enfants à travers les histoires que nous leur racontons.
Une grande partie des offres culturelles pour les enfants prennent la forme d'histoires, que ce soit dans les expositions, les pièces de théâtre, les contes, les ateliers, les rencontres, les livres. Toutes ces histoires, participent à la fabrication de leurs imaginaires. Quelles histoires choisissons-nous de raconter ? Comment s'assurer qu'elles soient adaptées aux différents âges ? Quelles images choisissons-nous pour leur montrer le monde réel ? Ces histoires et ces images les aident-elles à relever les défis qui les attendent dans le futur?
Enrichissons nos imaginaires et nos histoires, élargissons nos possibles à hauteur d’enfants, et ils fabriqueront de nouveaux avenirs.

- 10H / Conférence d'ouverture
LE POUVOIR DES HISTOIRES
L’être humain a développé sa capacité à raconter des histoires pour survivre puis se développer. Maintenant que l’on peut tout rêver et raconter, que garder, comment se le transmettre, quelles histoires raconter aux enfants pour qu’elles et ils imaginent le monde de demain ?
Par Nathalie Sejean, fabriqueuse d'histoires
Nathalie Sejean est une artiste franco-libanaise basée à Lille. Son travail consiste à fabriquer des histoires sur une variété de médias (films, livres, œuvres visuelles, perturbations invisuelles, podcasts de fiction, pièce de théâtre, animation interactive) afin de déclencher la participation active des spectateur-ices, lecteur-ices et auditeur-ices lors de la découverte de ces histoires.

- 11H / TABLE RONDE
LES MONDES IMAGINAIRES
Créer des mondes imaginaires que les enfants s’approprient pour jouer et rêver : tout un programme ! Des créateurs et des spécialistes de mondes inventés partagent les secrets d’une telle responsabilité : Embarquer les plus jeunes dans leurs univers fantastiques, et produire des codes culturels chez les adultes en devenir.
Avec :
Vincent Patar & Stéphane Aubier, auteurs de dessins animés
Stépahne Aubier et Vincent Patar sont diplômés avec Grande Distinction de l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Visuels de la Cambre à Bruxelles en 1991 en atelier de Cinéma d’animation. Après l’école, ils réalisent trois courts métrages 2D mettant en scène des personnages contrastés à savoir : « pic pic le cochon magik » (un cochon super héros) et « André le mauvais cheval » (un cheval anarchiste). Puis ils réalisent en 2002 Panique au village, court puis long métrage, sélection officielle hors compétition au festival de Cannes 2009, nominé dans la catégorie meilleur film étranger au Césars 2010. En 2012, Ernest et Célestine, d’après les livres de Gabriele Vincent qu’ils co-réalisent avec Benjamin Renner, récompensé d’un César 2013 meilleur film d’animation. En 2013, retour de Cowboy et Indien pour un spécial TV Panique au Village, La bûche de noël. En 2016, les stop motion La rentrée des classes, puis Le bruit du gris et en 2019 La foire agricole
Magali Le Huche, autrice et illustratrice
Magali Le Huche, après la faculté d’arts plastiques, puis l’atelier de Sèvres, a été formée aux Arts Décoratifs de Strasbourg. Elle y a notamment suivi l'enseignement de Claude Lapointe. Avec d’autres anciennes élèves de cette école, elle a fondé l’association « Ô Mazette ». Par ce biais, elle organise des expositions et des ateliers pour enfants.
Edwige Chirouter, professeure en philosophie et en sciences de l'éducation
Edwige Chirouter est professeure des universités en philosophie et sciences de l'éducation. Elle est titulaire de la Chaire UNESCO/Université de Nantes : "Pratiques de la philosophie avec les enfants : une base éducative pour le dialogue interculturel et la transformation sociale". Elle est porteuse et coordinatrice du projet Erasmus Plus pour la Coopération Internationale PHILéACT

- 14H / TABLE RONDE
QUELLES IMAGES POUR RACONTER LE MONDE AUX ENFANTS ?
On peut vouloir illustrer pour les enfants des livres de biologie, d’astronomie ou de mathématiques. Parfois on cherche à traduire en images des informations géopolitiques, éthologiques ou historiques. On peut aussi avoir besoin d’expliquer visuellement la violence, la misère ou la mort. Montrer le réel aux plus jeunes peut être un défi. Une photographie ou une illustration racontent-elles les mêmes choses aux enfants ? Comment interprètent-ils ces différents médias ? Quel rôle joue l’imaginaire dans l’appréhension de la réalité ?
Avec :
Myriam Dahman, autrice en littérature jeunesse et chargée de mission sensibilisation et éducation au développement à Agence Française de Développement
Myriam Dahman est une autrice belgo-marocaine avec une double casquette : elle travaille dans la sensibilisation au développement et à l'écologie et écrit également pour la jeunesse. Elle collabore régulièrement à la revue de philosophie pour enfants Philéas et Autobule.
Laurence Le Guen, docteure en littérature française, chercheuse associée au laboratoire du Cellam à l’Université de Rennes 2 et à l’université de Leuven et professeure de lettres en Loire-Atlantique
Autrice d’une thèse sur les ouvrages photographiques pour enfants, Laurence Le Guen poursuit ses recherches sur la Photolittérature jeunesse et les expositions de la littérature. Elle a signé l’ouvrage 150 ans de photolittérature pour les enfants (MeMo) en 2022, ainsi que plusieurs ouvrages pour enfants. Elle anime le site dédié à la photolitterature jeunesse Miniphlit https://miniphlit.hypotheses.org/
Galia Tapiero, anthropologue, direction éditoriale et artistique, éditrice
Auteure jeunesse, Galia Tapiero a toujours eu une passion pour les dictionnaires, les encyclopédies, les documentaires, les objets qui racontent des histoires et les voyages qui font rêver. En 2007, elle se lance dans l'aventure et crée Kilowatt éditions, une maison d’édition qui utilise une complémentarité textes-illustration pour accompagner les enfants à mesure qu’ils grandissent et les encourager à se questionner pour mieux comprendre le monde qu’ils habitent.

- 16H / TABLE RONDE
DEMAIN, QUELS DÉFIS POUR LES ENFANTS ?
Lutte contre les discriminations, impacts des écrans sur la santé, pouvoir des réseaux sociaux, changement climatique, importance du collectif... Les défis qui attendent les enfants d’aujourd’hui et de demain sont nombreux. Trois spécialistes de l’enfance posent des priorités et ouvrent des pistes de réflexion et d’actions possibles.
Avec :
Edouard Gentaz, professeur de psychologie du développement, Vice-doyen de la Faculté de psychologie des Sciences de l’Education à l’Université de Genève et Directeur de recherche au CNRS
Édouard Gentaz est professeur de psychologie du développement, Il dirige le laboratoire du développement sensori-moteur, affectif et social de la naissance à l'adolescence à la faculté de psychologie et des sciences de l'éducation (FPSE) à l’Université de Génève, Il est l'auteur de nombreux ouvrage sur les enfants, leurs émotions et leur développement, et l’auteur d’ouvrages éclairant sur les apprentissages et les aides que l’on peut fournir aux enfants à la lumière des neurosciences
Laelia Benoît, pédopsychiatre et chercheuse associée au Yale Child Study Center et au Centre de Recherche en Epidémiologie et Santé des Populations (CESP) de l'Inserm
Laelia Benoit est pédopsychiatre pour les enfants et les adolescents, dans ses recherches elle privilégie les approches citoyennes et participatives, impliquant les adolescents, leurs familles, les professionnels, et les associations. Ses travaux les plus récents portent sur l'anxiété climatique (éco-anxiété) des enfants et adolescents.
Philip Jaffé, professeur ordinaire au Centre interfacultaire en droits de l'enfant (CIDE), rapporteur à l’ONU pour les droits de l’enfant ; spécialiste de la participation de l’enfant au sein du système judiciaire, civil et pénal.
Philip Jaffé est professeur à l’Université de Genève. Il a cofondé son Centre interfacultaire en droits de l’enfant et l’a dirigé de 2008 à 2019. En 2018 à New York, il est élu membre du Comité des droits de l’enfant aux Nations Unies et réélu en 2022. Formé en Suisse et aux Etats-Unis comme psychologue clinicien et forensique, il exerce encore comme psychothérapeute et expert aux tribunaux. Au-delà des missions traditionnelles requises par une université de haut niveau -enseignement, recherche, «publier ou périr»-, sa vision académique a toujours été de servir la société civile comme scientifique praticien.
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